Epargne financière et non financière

Pour affiner l’analyse du taux d’épargne, une distinction doit être opérée entre épargne financière et épargne non financière:

  • le taux d’épargne financière est le rapport entre la capacité de financement (1) et le revenu disponible brut. L’épargne financière est un solde qui retrace la différence entre les variations des actifs détenus par les ménages et celles de leur passif. Au passif interviennent notamment les crédits accordés qui contribuent de façon négative à l’épargne financière: les crédits nouveaux se traduisent comptablement par une diminution de l’épargne;
  • le taux d’épargne non financière ne concerne que l’épargne immobilière des ménages et les investissements des entrepreneurs individuels.

Cette distinction permet de mieux apprécier l’évolution du taux d’épargne totale:

  • au début de la décennie, la relative bonne tenue du taux d’épargne financière démontre le succès de la politique mise en place par les pouvoirs publics à partir de 1978 pour orienter l’épargne vers des placements à moyen et long terme utiles à l’économie, mais également le transfert des capacités d’épargne de l’immobilier vers les placements à haut rendement tels que les produits de créance.
    A partir de 1983, etjusqu’en 1987, année du krach, l’épargne financière ne cesse de s’éroder mais se redresse en 1988, trouvant sa contrepartie dans le ralentissement du crédit.
  • l’épargne non financière a graduellement diminué, l’investissement dans la pierre n’attirant plus autant que par le passé les ménages découragés à la fois, par la cherté du crédit, la croissance des prix au m2, et, de loin en loin, par l’évolution de la réglementation sur les loyers.

On notera que l’envolée de la bourse et la hausse du ratio patrimoine! revenu consécutive à la revalorisation des actifs immobiliers et mobiliers n’ont pas d’influence significative sur l’épargne: les ménages n’ont pas consommé leurs plus values. De son côté, la reprise récente de l’immobilier portera surtout sur certains segments du marché, portés par la flambée des prix en centre ville.

La structure des placements des ménages

L’immobilier, en dépit des ses vicissitudes (loi Quillot, impôt sur la fortune) a retrouvé tous ses mérites aux yeux des ménages qui en apprécient certains avantages fiscaux (Loi Mehaignerie) et y consacrent bon an mal an 40% de leur épargne, en acquisition ou en remboursement de crédits.

La situation est plus contrastée pour l’épargne financière, marquée par des innovations très importantes et une politique d’orientation de l’épargne des ménages vers les valeurs mobilières dès la fin des années 70.

  • Les placements en valeurs mobilières connaissent depuis la loi Monory de 1978 un engouement certain, et bénéficient au tout premier rang des mesures fiscales d’encouragement de l’épargne.
  • L’assurance vie confirme une croissance régulière et constitue pour les réseaux bancaires un complément d’activité dont on comprend l’importance stratégique.
  • L’épargne liquide, après avoir accusé une chute sévère, se redresse après le krach de 1987, les épargnants s’étant provisoirement écartés des valeurs mobilières. Sur un plan structurel, épargnant mieux, les Français, s’ils se sont détournés des livrets, mettent en péril l’équilibre du financement du logement social, et inquiétant le réseau Caisse des Dépôts/caisses d’épargne, ont cependant continué à placer en épargne logement.
  • L’épargne purement monétaire s’est fortement contractée, la croissance de la consommation et de l’endettement de trésorerie ont laminé cette catégorie. En outre, les facilités d’investissement dans les OPCVM de trésorerie offertes par les grands réseaux ont largement permis de ponctionner les comptes.

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